Mort de l’écrivaine Guadeloupéenne, Maryse Condé à l’âge de 90 ans

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Grande figure de la littérature francophone, l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est décédée à l’âge de 90 ans, a annoncé son époux à l’AFP, ce mardi 2 avril.

Une plume s’est éteinte. L’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, à l’origine de plus d’une trentaine de romans dont «Ségou» ou encore «Moi, Tituba sorcière», est décédée dans la nuit de lundi à mardi à l’hôpital d’Apt, dans le Vaucluse. Elle s’est éteinte dans son sommeil, a annoncé son mari, Richard Philcox, à l’AFP.

Grande voix de la littérature francophone, l’artiste née à Pointe-à-Pitre le 11 février 1934, qui jusqu’à la fin de son adolescence disait ne pas réaliser qu’elle était noire, avait fait de l’Afrique, l’esclavage et les multiples identités noires, ses thèmes de prédilections.

Ce n’est qu’à Paris, où elle arrive à 19 ans comme élève au lycée Fénelon, qu’elle comprend que la couleur a un sens. Ce sont les années 1950 : les colonies s’émancipent, les intellectuels noirs sont en pleine effervescence.

Sa rencontre avec l’écrivain martiniquais et homme politique Aimé Césaire lui avait ouvert les yeux, avait-elle confié en 2011 dans le documentaire «Une voix singulière» qui lui était consacré. «Je comprends que je ne suis ni Française, ni Européenne. Que j’appartiens à un autre monde et qu’il me faut apprendre à déchirer les mensonges et à découvrir la vérité de ma société et de moi-même», se remémorait-elle.

On lui doit notamment le roman de «Ségou» (1985), best-seller sur l’empire bambara au XIXe siècle au Mali, mais aussi «Moi, Tituba sorcière», récompensé du grand prix littéraire de la Femme (1986) ou encore «La Vie scélérate», salué par le prix Anaïs-Ségalas de l’Académie française (1988).

LAURÉATE D’UN «NOBEL ALTERNATIF»

Plusieurs fois citée pour le Nobel de Littérature, elle avait remporté à Stockholm en 2018 – année où la suprême récompense avait été reportée sur fond de scandale MeToo – le «nouveau prix de littérature», initié par la «Nouvelle académie» et considéré cette année-là comme le prix Nobel de littérature alternatif.
Écrivaine internationalement reconnue, elle a également enseigné la littérature francophone à New York, où elle a vécu vingt ans. Elle y avait ouvert à l’université de de Columbia un centre d’études francophones. Elle y enseignait une «littérature en français qui ne parle pas de la France».

Atteinte d’une maladie neurodégénérative, elle avait choisi à 80 ans de se retirer en Provence, où elle a dicté son dernier livre à une amie, «L’Evangile du nouveau monde», sa réécriture du Nouveau Testament, transplanté en Guadeloupe.

Source : cnews.fr

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