Il y a dix ans, sortait le deuxième album »Fé » de Bademba. Après ces longues années passées en dehors de la Guinée et très loin de la scène, le chanteur de zouk pastoral a accordé une interview à tabouleinfos.com, au cours de laquelle il nous a parlé de son disque sorti en juillet 2006, les raisons de son silence, son regard sur la musique guinéenne, son come-back et autres.
Tabouleinfos.com : Ça fait plusieurs années qu’on n’a pas les nouvelles de Bademba. Pourquoi il a pris ses distances dans les activités artistiques musicales ?
Bademba : J’ai pris du recul pour diverses raisons. Le showbiz étant ce qu’il est chez nous, vous conviendrez avec moi que ce n’est pas évident pour quelqu’un qui a une autre vision. Il y a eu le succès, les relations, les projets. Et j’avais des admirateurs jusque dans la famille du Président Lansana Conté où j’allais pas mal de fois, mais tout cela ne suffisait pas. Je cherchais la pièce manquante du puzzle que je n’ai finalement pas trouvé. Ça veut dire un Guinéen sur place gestionnaire de carrière artistique à l’échelle internationale. Il y en a mais, ils sont si peu. Donc ça m’a ralentie un peu. Le succès de l’album « Aduna » avec les titres « Djadja, Petite Fleur, Aissatou, Tu ne me connais pas » etc… C’est grâce à Gris-Gris Production, Bank’s Bangoura, Hadja Mariama Kankalabé, Joe Soumah, Samba Djimera, DJ Flex, Badra Koné, Bouba Guéye, Malick Kébé, Sitanium, Aya Diawara, Benedi etc… C’était un beau monde. Sans oublier la RTG à l’époque…. Merci à Tous … Je reste un homme culturel.
Tabouleinfos.com : Parlez-nous de vos deux albums ?
Bademba : L’album Aduna est sorti en octobre 2004 avec 10 titres, dont « Djadja, Petite Fleur, Depuis longtemps » etc… Et l’album « Fé » est sorti en Juillet 2006 avec 10 titres également dont « Reviens, Fé, Petit conseil ». Le second n’a pas eu autant de succès que le premier, car ce n’était pas la même équipe autour de Bademba. La seconde raison, le premier album était encore à la page dans pas mal de pays africains et du coup, il y a eu une précipitation pour sortir un autre… J’ai appris à mes dépends et je me dis, ça été un cas d’école…
Tabouleinfos.com : Peut-on s’attendre au come-back de Bademba ?
Bademba : Oui ! Je prépare un come back et en toute humilité ça pourrait bien surprendre. Récemment, J’ai bossé sur des projets avec des amis Italiens et Belges que je souhaite pouvoir finir dans pas longtemps si Dieu le veut. Le meilleur est à venir.
Tabouleinfos.com : Qu’est-ce qui vous a poussé de migrer dans la politique étant un artiste pétri de talent ?
Bademba : La vie en Guinée est pleine de désillusions. L’avenir de notre jeune nation est à réinventer et c’est possible. Donc à vrai dire, je ne suis pas politicien mais j’en fais pour toucher du doigt le mal, comme bon nombre de Guinéens. Je rêve d’une Guinée unie, forte, solidaire et juste pour tous les enfants Guinéens. En Guinée, nous avons tout pour Briller. Remettons nous en question.
Tabouleinfos.com : Loin du pays, quel regard portez-vous sur la musique guinéenne ?
Bademba : il y a eu beaucoup de changements. Les talents ne manquent pas, mais on doit travailler d’avantage pour que le produit guinéen soit exportable avec l’appui de l’Etat. Secundo, la technologie en musique c’est bien, ça facilite le boulot en studio, mais ça dénature la magie de la voix si l’on abuse avec les effets. Il faut féliciter et encourager quand c’est bon et oser critiquer si ce nest pas bien peaufiner. Pour finir, je demande solennellement au ministère de la Culture de booster ce secteur qui peut bien vendre une destination. Voyez le cas du Nigéria aujourd’hui. Osons, on peut le faire si on s’y met.
Tabouleinfos.com : Un message pour la nouvelle génération des artistes chanteurs guinéens !
Bademba : de travailler beaucoup la voix, écouter souvent les classiques et musiques éclectiques pour avoir une culture musicale plus riche et variée. Surtout de rester modestes, car nous ne sommes rien sans les autres. Le reste suivra. De la musique jaillit la vie!
Aboubacar Fodé Bangoura