Journée mondiale contre le cancer: quand la musique adoucit les maux

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Écouter de la musique, en jouer, c’est « se faire du bien » et c’est aussi établir un lien qui ne passe pas par les mots entre un malade et son entourage, soignants comme famille. La musicothérapie ne peut pas guérir le cancer, mais en mettant les maux en musique, elle aide à vaincre la douleur et l’anxiété.

Un patient souffrant de cancer doit faire non seulement face aux symptômes de la maladie, mais aussi aux effets secondaires des traitements ; et sa souffrance est à la fois physique et psychique. La musicothérapie, qui utilise la musique et le son dans le cadre de soins – une pratique vieille de 2 500 ans – a des effets bénéfiques sur l’anxiété, l’humeur et la douleur des personnes soignées d’un cancer.

Pour Dominique Bertrand, musicien et musicothérapeute, la musique permet au patient de mettre de l’ordre : « J’entends le cancer comme une mise en dissonance : une partie du corps se met à être autonome et anarchique. Mettre son corps en résonance, c’est peut-être mettre à jour la dissonance, en prendre conscience afin que ça prenne du sens et que l’on puisse s’exprimer enfin ».

Comment ça marche ?

Trois approches sont possibles : la musicothérapie « active », avec des instruments et des improvisations vocales. Cette technique instaure un dialogue musical et permet l’expression de la créativité et la sublimation des angoisses et des émotions. La musicothérapie « réceptive », qui repose sur l’écoute d’extraits musicaux personnalisés.

Et enfin, à l’hôpital, la méthode dite en « U », méthode « réceptive » basée sur l’hypnose, qui facilite la relaxation et apaise les tensions, apportant un mieux-être à l’individu. Le musicothérapeute utilise dans ce cas une séquence musicale – choisie en fonction des goûts du patient – composée d’une succession d’œuvres instrumentales dont les variations de tempo et de volume modifient les fonctions psycho-physiologiques, liées, par exemple, à l’endormissement ou à l’éveil. La méthode travaille à la fois sur les composantes : rythmique (comportementale), mélodique (affective), harmonique (sensorielle) et de timbre (cognitif, souvenirs) de la musique ; pour amener le patient à modifier ses sensations physiques et psychiques.

Un soin de support efficace

La musicothérapie ne se substitue pas aux traitements d’oncologie, mais constitue un soin de support efficace. Dans les études cliniques visant à en démontrer l’efficacité, des patients souffrant de douleur et d’anxiété dues au cancer ont bénéficié de séances hebdomadaires de musicothérapie réceptive, réalisées par un musicothérapeute selon la méthode en U. Les patients ont quantifié leur niveau de douleur et d’anxiété avant, juste après et 30 minutes après chaque séance. Il en ressort des réductions significatives de la douleur (plus de deux fois moins mal) et de l’anxiété (trois fois moins anxieux), pendant et jusqu’à 30 minutes après la séance.

Cette pratique réduirait également la fréquence cardiaque, la pression artérielle et même la fatigue, permettant de raccourcir la durée d’hospitalisation. Les études cliniques ont également montré une réduction des nausées chez les personnes sous traitement de chimiothérapie.

La musique adoucit les maux

En France, dans les dix dernières années, la pratique de la musicothérapie s’est peu à peu répandue dans les hôpitaux, et notamment dans les services d’oncologie, de soins de suite ou à l’extérieur, avec de réels bénéfices. Anne Garnerie, musicienne et musicothérapeute au Comité du Vaucluse de la Ligue contre le cancer, témoigne : « Après une séance, mes patients se sentent stimulés et retrouvent la joie de vivre (…) et apprécient particulièrement le partage et la cohésion de groupe qui se créent grâce à la musique ». Car la musique restaure aussi la communication en créant une relation non verbale.

La musicothérapie adoucit la douleur, facilite la communication, permet aux émotions de s’extérioriser, réduit le stress et les effets secondaires des traitements : c’est une thérapie qui doit encore se répandre, afin que malades du cancer et personnes guéries puissent tous en profiter quand le besoin s’en fait sentir.

A lire sur : rfi.fr

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