Bougui Basta explique pourquoi Methodik n’a toujours pas  sorti son 3ème album (Interview)

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Au compte de la rubrique ‘’Interview’’ de votre média d’actualité culturelle en ligne, on vous propose l’entretien d’Abdoul Karim Bangoura aka Bougui Basta du groupe de rap Guinéen, Methodik. En séjour à Conakry après huit (8) ans d’absence au pays, l’équipe de Tabouleinfos.com l’a rencontré la semaine dernière à son domicile à Gbessia. Au cours de cette rencontre, on lui a interrogé sur plusieurs sujets dont les motifs de sa présence au bercail, les raisons du retard de la sortie de leur troisième album et autres.

Pour rappel, le groupe Methodik composé de Bougui Basta, Style Crazy, Sin2la et Yoriken, a deux albums sur le marché du disque. Le premier ‘’Nondi Kira’’ a été livré aux mélomanes en 2004. Quant au deuxième opus ‘’Soweto’’, il a vu le jour  en 2008. En dehors de ces deux projets du groupe, Sindla et Yoriken ont sorti chacun un album solo. Pour plus de détails, lisez cette interview ci-dessous !

Tabouleinfos : Présentement vous êtes à Conakry, est-ce qu’on peut connaitre les raisons de votre séjour au pays ?

Bougui Basta : Après huit (8) ans d’absence en Guinée, je suis venu voir l’état sanitaire de mon papa qui est malade. Pourquoi pas pour d’autres projets ? Parce que je suis sur un projet de construction. C’est tout cela qui m’a envoyé au pays cette année.

Tabouleinfos : A part la construction de votre maison, aviez-vous d’autres projets à réaliser pendant ce séjour ?

Bougui Basta : Avant que je ne vienne, j’étais en contact avec Aladji Mamdy du groupe Silatigui qui est sur son album solo actuellement. Il m’a fait des propositions par rapport à certains morceaux de son projet qu’on est en train de préparer. Mais comme la technologie a bien évolué, on peut faire un morceau ensemble malgré la distance. A part cela, j’ai formé des enfants avant de partir. Aujourd’hui, ces derniers commencent à cartonner. J’ai pris l’initiative de leur venir en aide dans le cadre de la production. Je ne peux pas quitter dans la musique sans investir dedans en donnant un coup de pouce aux nouveaux talents.

Tabouleinfos : Pourquoi le groupe Methodik  n’a toujours pas sorti son nouvel album qui a été annoncé depuis quelques années ?

Bougui Basta : C’est compte tenu de la situation de chacun des membres du groupe à l’Hexagone. On avait commencé le projet du troisième album, mais cela a trouvé qu’on n’est pas dans la même ville. Le studio se trouve à Paris. A chaque rencontre, il nous faut fixer un bon programme, parce qu’on a d’autres activités à part la musique. Il faut travailler pour subvenir à aux besoins de la famille.  C’est ce qui a un peu ralenti l’arrivée du troisième album. La vie de là-bas est différente à celle de la Guinée. Il fut un moment, les absences avaient commencé à se sentir lors des séances studios. Finalement, il y a eu un peu de délestage de ce projet. Je vous rassure que c’est un projet qui est en cours. On est en train de travailler. Par la force de la technologie, même si on n’arrive pas à se voir, on peut travailler dans les différents studios et fusionner les voix pour faire un morceau.  On avait fini de programmer tous les instru (beats), on avait enregistré trois (3) titres et deux ont été prémixés. En 2020, on a posté un single sur Youtube qui a un bon nombre de vue actuellement. Donc je dirai que le projet est à 50% de réalisation.

Tabouleinfos : Qu’est-ce que le retour de Methodik pourrait apporter au rap Guinéen ?

Bougui Basta : Methodik, on a un concept qu’on n’a pas changé qui est le rap dur, harcord. Le groupe a toujours été le faiseur de harcord. On est encore parti dans ce sens. Il y a un peu de commercialisation de la musique en Guinée et chacun cherche à se faire voir à travers les réseaux sociaux. Nous, on a toujours gardé notre concept. L’album qui viendra sera harcord, parce que le rap a un peu changé en Guinée. Je pense qu’avec l’arrivée de ce projet, certains vont nous rejoindre dans le genre musical qu’on est en train de faire. Actuellement, je ne trouve pas un groupe qui fait du harcord comme avant (Sèmbè Dèkè, Mifa Gueya, Silatigui). Duda Inch’Allah aussi a su gardé son identité harcord.

Tabouleinfos : Pensez-vous que Methodik pourrait s’imposer sa suprématie avec le rap dur en présence des nouveaux styles de rap ? 

Bougui Basta : Bien sûr que oui ! Parce qu’il n’y a pas mal de genres musicaux en Guinée. A travers nos publications, on voit que les nos fans tiennent encore qu’on revienne. Ils savent qu’on ne peut pas revenir en changeant notre style. Nous allons garder notre identité musicale. Je pense que nos fans pourront nous relancer avec notre style. Malgré parmi la nouvelle génération, beaucoup ne nous connaissent pas, mais les anciens  à travers les commentaires sous nos publications sur les réseaux sociaux, veulent qu’on revient. Donc avec cela, on aura notre place.

Tabouleinfos : Pourquoi Bougui Basta n’a-t-il pas sorti son album solo comme Syndla et Yoriken ?

Bougui Basta : C’est un projet qu’on a mis en place depuis 2008 après la sortie de l’album ‘’Soweto’’. On a choisi Yoreken pour faire un album solo. Dans le projet du groupe, il avait fait un son avec Marie. C’était de voir son code de popularité. On a vu le morceau a été bien consommé par les mélomanes. Dans les conditions normales, c’est lui qui devrait sortir son album en premier, mais cela a coïncidé à son voyage. Quand, j’étais en Guinée avec Sin2la, il a profité pour faire son album pour ne pas que le nom du groupe s’éteigne. Après les deux projets solos, c’est l’album de Methodik qui devrait sortir. Après le projet du groupe, on continu les solos. Personnellement, je suis en train de travailler sur le mien. Dès mon retour, je vais attaquer le travail du studio.

Tabouleinfos : Quelle lecture faites-vous sur la musique urbaine guinéenne ?

Bougui Basta : J’ai un regard positif d’une part et d’autre part, un regard négatif. Je suis très fier de la nouvelle génération qui fait de la bonne musique, malgré c’est un peu commercialisée. Mais il y a de la potentialité dedans. Il y a des groupes qui sont vus sur un peu partout sur les différentes chaînes de télévision. Cela est une fierté pour un Guinéen qui vit en France et voit un groupe de musique urbaine de son pays passé sur Trace TV ou sur BBLACK. Le côté négatif que je vois, il y a beaucoup qui ne sont pas sérieux dans ce qu’ils font par rapport aux conseils qu’ils donnent dans leurs musiques. Quelqu’un qui fait de la musique est comme un éducateur. Dans les chansons, il y a beaucoup qui prennent des conseils. Si tu ne véhicule pas de bons messages, les enfants qui t’écoutent ne seront bien éduqués. Dans les stations radios, même si tu as un peu d’argent on fera passer tes sons. C’est l’argent que les animateurs regardent, ils ne cherchent pas à connaître le fond de la musique. Il y a des musiques qu’on ne peut pas écouter avec les parents. Je suis vraiment désolé pour ce côté.

Tabouleinfos : Qu’est-ce qu’il faut pour vendre la musique urbaine Guinéenne en dehors du pays ?

Bougui Basta : C’est la bonne promotion. La vie actuelle, rien n’est caché avec les réseaux sociaux. Cela propulse le talent de beaucoup d’artistes. Il faudrait faire un son dansant même si les ne comprennent pas le contenu. Mais si les autres pays peuvent le danser, ça passe. Sinon les musiques nigérianes et camerounaises ne peuvent pas cartonner chez nous. L’instrumental qui accompagne le texte est dansant…Il faut que nos artistes travaillent sur les instru (beats) et les vidéos. C’est qui pourra vendre la musique Guinéenne hors de nos frontières.

Tabouleinfos : Le mot de la fin !

Bougui Basta : Big up à tous les lecteurs de Tabouleinfos.com. Maximum de respect à tous ceux qui soutiennent le groupe Methodik. Je demande à la nouvelle génération de travailler.

Interview réalisée par Aboubacar Fodé Bangoura

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