Doolay Prince : « Au Sénégal, les gens ne comprennent pas trop le message du reggae »

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Professeur d’éducation culturelle et artiste chanteur reggae très engagé du côté du Sénégal, Doolay Prince s’est prêté au questionnaire de notre rédaction. Au micro de notre reporter, il nous a parlé de son orientation musicale, sa nomination aux ‘’Victoires du Reggae’’, l’avenir du reggae dans son pays, sa collaboration avec le chanteur guinéen Aly Baba et autres sujets.

Interview, première partie 

Taboule Infos : Bonjour ! Présentez vous à nos lecteurs.

Doolay Prince : Je suis Papa Abdoulaye Diop, connu sous le nom Doolay Prince. Je suis artiste chanteur et professeur de musique de profession. J’ai sorti des albums et plusieurs singles. J’ai collaboré avec beaucoup d’artistes sénégalais et d’ailleurs.

Taboule Infos : Pourquoi aviez-vous choisi le reggae comme genre musical parmi tant d’autres ?

Doolay Prince : Parce que le reggae colle mieux à ma façon d’être. J’aime dénoncer les injustices. J’aime être la bouche des personnes muettes. Je passe les messages des gens qui ne peuvent pas se faire entendre à travers ceux qui me suivent et écoutent ma musique. Le reggae est une musique populaire. Il est aussi la voix du peuple. Même la naissance de ce genre musical, c’est à travers le refus de l’oppression de Babylon. Ça permet aux gens de pouvoir avoir une révolution positive.

Taboule Infos : Quelle place occupe le reggae au Sénégal, un pays où la musique urbaine prédominante est le rap?

Doolay Prince : Au Sénégal dans les années 80, le reggae était puissant. Il y avait beaucoup de groupe reggae. Avant l’avènement du rap, le reggae avait prédominé, mais ces groupes se sont disloqués. Et il n’y avait pas mal de membres qui avaient quitté le pays pour l’étranger. C’est ainsi que le rap s’est installé. Le rap est dans la même lancée, parce que c’est dans la continuité de l’engagement qui permet aux gens de dire non, s’émanciper et de se battre de ce qui leur revient le droit. C’est une musique urbaine comme tant d’autres. Certes il y a une prédominance, parce qu’il y a plus de production et de possibilité de faire un album rap. Quant à un album reggae, ça demande beaucoup d’investissement, de studio live. Donc c’est un peu compliqué pour les artistes de pouvoir se faire une autoproduction. Il n’y a pas trop de producteurs reggae au Sénégal. Avec la nouvelle génération, il y a des artistes qui sont talentueux. J’ai discuté avec nos vétérans qui font le reggae et ils m’ont dit que notre génération est plus talentueuse que la sienne…

Taboule Infos : Pensez-vous que le reggae aura un avenir meilleur au Sénégal devant le rap ?

Doolay Prince : Il faut qu’on crée des structures et les financer pour la production des albums reggae. Au Sénégal, depuis quelques années, il y a un fond pour les cultures urbaines. Il faut que les artistes reggae essayent de monter des labels indépendants pour pouvoir bénéficier de ce financement à l’image de ce que font les rappeurs. Même si c’est des petits labels pour qu’on puisse avoir une certaine possibilité de production. Je pense que si on fait cela dans sous peu, le reggae sénégalais peut émerger. Il y a un très grand potentiel. Je ne veux pas créer de rivalité entre le reggae et le rap, parce que personnellement, j’ai pratiqué le rap. Il y a beaucoup d’artistes reggae aussi qui étaient rappeurs. C’est une question de choix. Je faisais des boutades en disant que le reggae était plus mature…Toutes les musiques urbaines se valent, et elles ont toutes leur mot à dire.

Taboule Infos : Quel est le reggae man sénégalais que vous aimez ou qui vous inspire et pourquoi ?

Doolay Prince : Mon inspiration dans le reggae ne vient pas forcement du Sénégal… Il y avait pas mal de chansons d’Alpha Blondy… J’écoutais aussi Lucky Dube qui m’insopire beaucoup par rapport à sa façon de chanter, sa conception de la vie, le message qu’il véhicule… Le fait qu’il fait la distinction entre être rasta et boire de l’alcool ou fumer du chanvre indien. Il disait que le message du reggae reste intact, mais tu peux changer ta façon de faire le reggae…Au Sénégal, il y a des artistes qui essayent de se battre. Il y en a un que j’admire beaucoup, un grand frère The Conerstones. Il est aux Etats-Unis. Il a fallu qu’il sorte du pays aller s’implanter là-bas et se faire connaitre à l’international. Il y a plein de reggae men. Au Sénégal, les gens ne comprennent pas trop le message du reggae.

A suivre…

Aboubacar Fodé Bangoura
tabouleinfos@gmail.com

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