L’équipe de Tabouleinfos.com a rencontré en ce début de semaine, Masta Hams, en séjour à Conakry depuis quelques jours. Lors de cette rencontre, on a interrogé ce membre du groupe Alkebulan à propos de son retour au bercail. Dans notre entretien, il nous a parlé de son album solo ‘’Filloh’’ sorti en 2018, sans oublier sa relation actuelle avec son coéquipier. ‘’Pidji Dhidhi’’ (2001) et ‘’Jah Bless Africa’’ (2004) sont les deux albums de Masta Hams et Baara-k.
Ci-dessous, découvrez cette interview réalisée le lundi 18 octobre 2021.
Tabouleinfos : Présentement, vous êtes à Conakry. Est-ce qu’on peut connaître le motif de votre retour au bercail ?
Masta Hams : Je suis à Conakry parce que ma maman est malade. Elle a subi une opération pour une tumeur à la tête qui a été enlevée. Il faut que je sois auprès d’elle pour lui donner de la force. C’est pour cela que je suis à Conakry depuis deux semaines.
Tabouleinfos : Aviez-vous un projet à réaliser au cours de votre séjour ?
Masta Hams : Pas vraiment, parce que je ne suis pas venu dans le cadre musical. Quand j’ai appris ce qui est arrivé à ma maman, je voulais rester auprès d’elle. Je n’ai aucun projet musical pour le moment. Peut-être que quand ça ira mieux pour ma maman, je contacterai les journalistes pour des interviews. Je fais celle-ci avec vous, mais si j’en fais trop pour promouvoir l’album, je n’aurai pas le temps de rester auprès de la maman. Je ne veux pas jumeler les deux en même temps. Pour le moment, je mets ma musique en stand-by pour m’occuper de la santé de ma mère.
Tabouleinfos : Vous avez un album solo sur le marché, dites-nous comment ce disque a été accueilli par les mélomanes du côté de l’Hexagone ?
J’ai sorti mon album sur les plateformes de téléchargement. De l’autre côté, ça va un peu. Quand tu regardes sur les plateformes distributrices, tu peux voir dans quels pays ils l’ont acheté et écouté. Pour le moment, il y a plus de vues et de ventes en France et en Allemagne. J’espère que ça va toucher la Guinée aussi.
Tabouleinfos : A quand le prochain album solo de Masta Hams ?
Masta Hams : J’ai envie de continuer comme ça, laisser couler le premier album un peu. Et faire un nouvel album plus tard. Il est presque prêt puisque les textes sont déjà écrits. Ce sont les beats qui restent… Je souhaite continuer à faire la promo du premier pour ne pas sortir un album et risquer de le tuer. Je ne suis pas dans ce concept. Je suis de la old school. Il faut laisser les gens profiter et écouter ce qui est déjà là, puis sortir un autre album. Je ne suis pas en mode défi, genre il faut sortir pour sortir. J’ai envie de faire comme à l’ancienne : quand nous sortions un album, on attendait un peu. Donc je continue avec la même méthode.
Tabouleinfos : Présentement, quel est le lien de Masta Hams avec Baara-k ?
Masta Hams : Baara-k et moi, on ne s’est jamais séparés. Le groupe continue. Tout ce qu’on fait en solo est au compte d’Alkebulan. On fera notre album après. Cela est clair et net. Alkebulan vit en nous et nous vivons en Alkebulan. Baara-k et moi, on s’écrit, on s’appelle. Des fois, on se voit en France. Vu qu’on n’est pas dans la même ville, on n’est pas obligés de se voir tous les matins. Souvent, on parle du projet d’album d’Alkebulan. Bientôt, on commencera à travailler pour nos fans. Nos solos font partie des projets du groupe, parce qu’ils sont comme des branches. L’arbre, c’est Alkebulan et nos albums solos, les branches.
Tabouleinfos : Le prochain album d’Alkebulan sera destiné à la Guinée ou au marché européen ?
Masta Hams : Il sera pour tout le monde, mais surtout destiné à la Guinée, parce que c’est ici qu’Alkebulan est né et c’est ici qu’on a grandi. On a notre public ici. Ce sera pour la Guinée en premier, mais avec internet, tout est devenu universel. Dès que tu diffuses sur les plateformes de téléchargement, que tu sois aux Etats-Unis, en Europe ou en Afrique, partout où tu es dans le monde tu peux y accéder. Donc maintenant c’est comme ça, pas seulement que pour la Guinée.
Tabouleinfos : Que pensez-vous de la nouvelle génération des artistes de la musique urbaine (talent, textes…) ?
Masta Hams : Il y en a qui travaillent bien. Quand tu écoutes certains morceaux, c’est bien fait. Il y en a d’autres aussi qui sont pressés, qui veulent juste sortir et qu’on parle d’eux. Quand tu écoutes certains textes, tu te diras que ce n’est pas bon, parce qu’il y en a qui ne réfléchissent pas, qui chantent pour chanter. J’aime les textes sensés, qui apprennent quelque chose à ceux qui l’écoutent. Quand tu en écoutes certains, le tempo est bon, mais les textes ne sont pas riches. Sinon ils ont beaucoup d’opportunités que la old school n’avait pas. Ils ont la facilité de faire la promotion de leurs musiques partout en Guinée. Ils ont de la chance. Aujourd’hui, les Guinéens écoutent plus de musique guinéenne. Avant, on avait du mal à imposer nos musiques dans les radios, mais présentement quand tu écoutes n’importe quelle radio, on joue plus de musique de chez nous. Cela est un atout. Il y a des bons clips vidéo qui passent dans les télévisions. Ce sont des opportunités dont la nouvelle génération doit profiter pour pouvoir promouvoir cette musique urbaine. On a du talent en Guinée. Les Guinéens sont capables de tout. On peut te faire du reggae, du yankadi, du coupé-décalé… Ils n’ont qu’à saisir ces occasions présentes, c’est-à-dire, les radios, les bons studios, la télévision… et puis un public qui répond quand ils font des concerts. Avant, les gens avaient du mal à avoir 500, 1000 personnes au palais du peuple. Maintenant, on te parle de 15000 spectateurs. Ça veut dire que la population de Conakry a augmenté. Cette population soutient les artistes guinéens parce qu’elle ne rate pas les concerts. Chaque fois, c’est bourré. Donc la nouvelle génération n’a qu’à profiter de cette occasion et essayer de faire des bons textes, car ça restera à vie. Quand tu fais de la musique, ce n’est pas que pour aujourd’hui, c’est pour les autres générations aussi. Donc tu peux rendre tes chansons plus sensées, ça aidera les générations futures… On n’est pas en Amérique, on est en Afrique. On a beaucoup à dire et à apprendre à nos petits frères parce que beaucoup n’ont pas eu la chance d’arriver à l’université. Il y en a qui écoutent les artistes pour apprendre certaines choses. On a vraiment beaucoup à apprendre à la jeunesse africaine. Il y a des choses qu’on cache aux africains, ce sont les artistes qui peuvent les aider à ouvrir la porte, en parlant de sujets sensés pour que la future génération soit plus consciente que la précédente.
Tabouleinfos : Le mot de la fin !
Masta Hams : Maximum respect à votre site d’information Tabouleinfos.com qui s’est déplacé pour me rencontrer, sans oublier vos lecteurs. Merci pour le soutien que vous apportez aux artistes guinéens et la force que vous leur donnez avec les moyens du bord dont vous disposez. Big respect à tous ceux qui soutiennent Masta Hams et Baara-k (Alkebulan). Force à la Guinée, espérons que cette fois-ci, il y aura un changement positif. La Guinée doit décoller et aller plus loin.
Interview réalisée par Aboubacar Fodé Bangoura