Vivant en dehors de la Guinée depuis plusieurs années, Masta Hams est un artiste chanteur issu de la old school. Dans une interview accordée à nos confrères de la radio Continental FM dans l’émission ‘’Urban Sigui’’, ce membre du groupe de rap Alkebulan a donné quelques raisons qui ont poussé les premiers MC’s de s’aventurer et laisser le hip hop guinéen dans la main de la nouvelle génération.
Au téléphone du rappeur, Capitaine Donkhody, animateur de cette émission de musique urbaine, Masta Hams est revenu sur les causes de l’aventure des rappeurs de la old school.
« Partir ce n’est pas un péché, partir ce n’est pas la fin du monde. A un moment donné dans la vie, un être humain a droit d’aller là où il veut si ça lui convient. Je sais que pour la Guinée, c’est dur pour les guinéens de partir ailleurs. Parce que pour trouver un visa en tant que citoyen guinéen, ce n’est pas évident. Donc arriver en occident, il y a d’autres réalités.», dit-il.
Puis d’ajouter : « La Guinée c’est chez nous, quelque soit la durée d’un arbre dans l’eau, il ne va pas devenir un caïman. Tous les aînés qui sont partis s’installer ailleurs, cela ne veut pas dire qu’ils ne sont plus guinéens ou ils ont abandonné la Guinée ou ils ont abandonné la nouvelle génération. Mais non, chacun travaille de son côté et chacun continue son combat autrement… Je pense aussi que cette nouvelle génération qui continue à rapper, à chanter, à faire des albums en Guinée, c’est la suite de ce que les aînés ont fondé. Donc ça ne veut pas dire que c’est une trahison, qu’on est parti, qu’on n’aime pas la Guinée.»
Selon le compagnon de Baraka, « La old school a déjà fait le soubassement qu’elle qu’en soit ce qu’on raconte sur elle. Ils ont fondé la base. Cette base était plus dure à fonder. La chance que la nouvelle génération a eu aujourd’hui que nous à travers la communication, il y a beaucoup de radios et de télévisions privées… Parce que ça n’encourage pas aussi l’artiste qui se bat pour une cause et que tu sens que tu es censuré de gauche à droite. Tes musiques ne passent pas à la radio, parce que tu dénonce l’Etat. Tu dis ce qui ne va pas. Donc ça ne donne pas envie de rester dans un tel endroit, non seulement tu n’es pas en sécurité et ta musique ne touche pas le grand public. Donc ça donne envie d’aller ailleurs…», a déploré Masta Hams.
Poursuivant, l’auteur de l’album ‘’Filloh’’ a pris l’exemple sur le griot électrique, Mory Kanté que tout le monde entier connait grâce à sa musique. « Malgré il n’était pas en Guinée, Mais aujourd’hui, c’est une fierté de parler de ce monsieur. Ce n’est pas parce qu’il était une star internationale ou Il était installé en France, il a oublié la Guinée, il a représenté notre drapeau… L’artiste et la musique n’ont pas de frontière. Il n’y a pas une terre promise pour un artiste pour dire ici c’est chez moi, je n’ai pas le droit d’aller me faire connaître ailleurs. C’est bien de dire je reste chez moi, mais si tu peux faire connaitre ton drapeau, ta nation, ailleurs, attirer d’autres investisseurs sur les artistes de venir fouiller à la source. Parce qu’ils t’ont vu jouer et écouter. Ils vont te demander, ‘’tu leur diras que tu viens de la Guinée. Il y a plein de talents là-bas’’. Donc ça pousse les autres de découvrir la Guinée et connaitre ce qui s’y passe. Un artiste est un ambassadeur et un ambassadeur n’est pas obligé de se bloquer dans un seul endroit pour dire je reste là. Un ambassadeur doit aller vendre sa culture, aller discuter avec d’autres personnes et connaitre ailleurs.», a-t-il affirmé.
« On essaye de se faire connaitre petit à petit et faire un pont entre notre pays et l’étranger… Tous les aînés qui sont partis sont en mission. Ils se cherchent chacun de son côté pour pouvoir promouvoir la musique urbaine guinéenne. Je fais big respect à tous ces anciens qui se sont battus. C’était trop dur, mais ils ont cru à cela. Quand on faisait des concerts, on n’avait même pas de cachet. C’est grâce aux anciens, ils ont montré au public guinéen que pour venir regarder un concert, il faut payer un ticket.», a déclaré Masta Hams.
Aboubacar Fodé Bangoura
