Séparation de la culture des sports : la grande peur de Tidiane Soumah !

0
777

Dans le premier gouvernement de la quatrième République de Guinée, le ministère de la Culture ne va pas cohabiter avec les Sports. Une nouvelle qui est très bien accueillie chez les acteurs culturels guinéens.

Le lundi 18 janvier dernier, la nomenclature de ce premier gouvernement de la quatrième République a été présentée aux guinéens sur les ondes de la télévision nationale (RTG). Appelé dans le passé, le Ministère des Sports, de la Culture et du Patrimoine Historique, dans les heures ou jours à venir, chacun de ces départements connaîtra son propre ministre. Mais pour le moment, les interrogations se multiplient concernant l’identité de l’homme qui dirigera les destinés de la culture guinéenne.

Suite à cette décision du président Alpha Condé, le boss des productions Tidiane World Music a exprimé sa joie au micro de nos confrères de la radio Horizon FM.

« C’est une très bonne nouvelle, parce qu’on l’a souhaité et on l’a réclamé depuis plusieurs années. Cela est un fait, il faut le dire.», dit-il.

Malgré cette bonne nouvelle, Tidiane Soumah ne cache pas ses inquiétudes. « Ma peur est la suivante.  Autant le sport cumulé à la culture a créé une forme de jalousie, d’accorder beaucoup plus de place aux sports. C’est vrai, le sport est national et public, le Syli est l’affaire de tout le monde ce qui a certainement englouti l’image de la culture. Certes c’est une réalité, mais la séparation aussi peut être catastrophique dans la mesure où dans la répartition des richesses comme le dit le premier ministre ou dans la priorité accordée aux sports à cause de la Coupe d’Afrique qui arrive bientôt que tout le budget ou toute la priorité soit aux sports. Cela comme deuxième réaction pourrait être la mort et l’enterrement tout de suite de la culture. De l’isolement, elle va subir maintenant le manque de financement. Je voudrais juste le signaler que ça pourrait être très grave. J’aurai aimé que la séparation soit suivie de la priorité qu’on accorde aux sports en termes de budget ou de présence financière que la culture qu’un budget soit là, un montant d’investissement , pas de fonctionnement. Le ministère a toujours eu le budget de fonctionnement. Mais je parle du budget d’investissement…», a-t-il affirmé.

Lire aussi : Tidiane World Music : 223 millions GNF détournés par… (Communiqué)

Poursuivant, dira-t-il : « J’ai l’impression qu’en Guinée la recherche du choix humain est liée aux bruits ou lié aux raisons politiques ou qui fait plus de présence publique. C’est très grave…On n’est pas là pour nommer un ministre de l’album, d’un spectacle ou un ministre d’un parti politique. On est là pour nommer un ministre qui à la notion moderne d’intégration de tout le potentiel guinéen depuis avant et après  l’indépendance et le un monde nouveau. Le monde du digital, le monde nouveau de l’industrie créative.»

En qualité d’acteur culturel : « On veut révolutionner la culture guinéenne pour en faire une rentabilité, en faire  un domaine comme la bauxite… On veut faire une compétition que la culture peut battre le record. C’est ça la vision. Mais ce n’est pas un individu qui a une notion de boîte de nuit, de spectacle…»

Selon lui, la Guinée n’a que trois priorités dans le domaine culturel, à savoir : les infrastructures culturelles, la formation des acteurs culturels et le retour de la Guinée à la scène mondiale.

« Quelque soit l’autorité qui va gérer qu’aujourd’hui, ce pays a trois priorités même s’il y en a beaucoup. Les trois fondamentales c’est les infrastructures culturelles. Sans infrastructures culturelles, pas de circulation culturelle, pas de rentabilité culturelle. C’est impossible. On ne peut pas parler de la réussite d’un département de la culture en Guinée, c’est un budget infrastructurel comme le sport en a besoin pour la CAN. La culture en a besoin aussi du même budget…»

« Deuxième priorité, c’est la formation de l’acteur culturel guinéen. Ce domaine n’a concrètement pas connu une grande évolution par rapport aux défis du monde de l’ingénierie culturelle au digital culturel à une formation en profondeur de la nouvelle génération. Parce qu’aujourd’hui, la nouvelle génération est en bonne partie beaucoup plus vers la haine et les activités nocives que le vrai secteur culturel. La formation n’est pas là. Quand on n’est pas bien formé, on devient négatif quelque part. Donc la formation de l’élite culturelle de la base au sommet est une deuxième priorité.»

« La troisième priorité, c’est la mise en marché de l’art de la culture guinéenne qui a cessé depuis 84. La circulation n’est plus au temps du PDG-RDA. Cette forme de circulation entre le chef de l’Etat…n’est plus à la mode. La mode est mondiale… L’Etat met de l’argent et accompagne une institution qui accompagne la circulation de l’art… Le retour de la Guinée sur la scène mondiale  doit être accompagné et financé par la Guinéen et exigé un résultat à la Guinée. Voilà les trois priorités pour moi, qui doivent être essentielles. Les infrastructures culturelles, la formation de l’acteur culturel et le retour de la Guinée à la scène mondiale.», a recommandé Tidiane Soumah.

Lire aussi : Tidiane World Music : la personne qui a détourné les 21.000 dollars enfin connue !

Pour finir, il a sollicité un accompagnement de l’Etat : « sinon on restera dans la zone communautaire entre nous. On restera dans les tournées entre les boîtes de nuit… Mais sans un financement, un montant disponible sans qu’on ne fasse partie de cette richesse accumulée durant les dix ans du régime du président Alpha Condé, cette richesse qui connait aujourd’hui une croissance au niveau de la banque mondiale. J’invite le premier ministre, le gouvernement et le président à ce que la culture en fasse partie comme priorité de cette répartition. Je vous le jure, si on investit dans la culture guinéenne, elle peut reprendre sa place et devenir numéro un en Afrique et en faire un secteur de rentabilité comme la bauxite ou toute ressource naturelle.», conclut-il.      

Aboubacar Fodé Bangoura

Facebook Comments Box