Ami Yerewolo, est la pionnière du rap féminin malien qui est toujours incomprise pour son choix musical. Malgré cela, elle reste confiante et déterminée à aller jusqu’au bout de ses rêves. Dans un entretien accordé à la rédaction de rfi musique, cette jeune rappeuse s’est confiée sur des sujets liés à sa carrière musicale.
Dans cet entretien, Ami Yerewolo est revenue sur ‘’Je gère’’, le titre phare qui ouvre son troisième album ‘’AY’’ et défini son combat des longues années dans le rap.
« Ça fait 10 ans qu’on me dit quoi faire ou non, sans vraiment m’entendre. J’avais juste envie de dire : « écoutez- moi, j’ai quelque chose à apporter à la culture malienne ». J’ai toujours refusé de rentrer dans les cadres, et pour cela on m’a calomniée, boycottée, discriminée. J’ai continué à me battre et aujourd’hui j’ai un label qui comprend mon rap et m’accompagne. Je gère ma vie ! C’est important de le dire, aussi aujourd’hui.», a expliqué la « guerrière » du rap malien.
Répondant à la question concernant le terme de « guerrière » qui lui est attribué, dira-t-elle : « Toute ma vie je me suis battue. Je suis arrivée à Bamako à 17 ans pour mes études. Pour me consacrer à ma carrière d’artiste, j’ai dû quitter ma famille. J’ai dû apprendre à me débrouiller. Il y a des jours où je n’avais pas à manger, où je ne pouvais pas payer mon loyer… Je n’ai pas abandonné. J’avais ma musique et Dieu. Le rap a été ma famille. J’aurais pu facilement mal tourner. Mais je me répétais que je pouvais y arriver. Quand je rappe, je guéris. Je me sers de mes expériences ; si j’ai pu traverser tous ces obstacles, toi aussi tu peux le faire.»
En dehors de la musique, Ami Yerewolo est organisatrice d’un festival depuis 2017, intitulé « Le Mali a des rappeuses ». Cet événement né de plusieurs constats fait par l’artiste, est un pas de plus.
« En 2009, nous étions une dizaine de filles. Elles ont toutes arrêté, disant : « c’est impossible, on te critique, on t’insulte… » Je me suis dit qu’il fallait qu’on montre que si tu as du talent, personne ne peut t’interdire de l’exercer, que tu sois homme ou femme. Mais j’ai compris que le talent ne suffit pas. Tu auras toujours quelqu’un pour te dire que tu es une femme et que tu n’as pas le droit de rapper. Puis d’autres rappeuses sont arrivées, et elles aussi ne faisaient qu’un an ou deux avant d’arrêter. J’ai sacrifié toute ma vie pour le rap, je me devais de créer quelque chose pour que les jeunes filles ne soient plus obligées de quitter leur famille, de se faire insulter et de supporter tout ce que j’ai enduré parce qu’elles ont une passion. J’ai créé le festival pour qu’on partage nos histoires, pour se soutenir et s’encourager.», rappelle Aminata Danioko.
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