Après 20 ans, le musicien Foxy Camara se souvient de son père

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Foxy Camara n’arrive pas à oublier son papa Gadirou Camara. Vingt (20) ans après sa mort, le jazz man guinéen garde encore en mémoire les bons souvenirs de l’homme qui l’avait  initié à la musique.

Gadirou Camara, le père du jazz man Foxy Camara, était le chef de l’orchestre ‘’Dirou Band’’ de Kindia. De son vivant, il a appris le saxophone à son fils dès son jeune âge. En 2000, ce grand musicien guinéen est décédé.

Loin des yeux, près du cœur !

Plus les années passent, Foxy Camara se souvient de son papa et parle des beaux moments qu’ils ont passés ensemble.

« Mon papa composait de nombreuses mélodies. Il était très fort pour les compositions musicales et les paroles. J’ai beaucoup appris avec lui. Depuis tout petit,  j’ai grandi avec le son du sax. Mon père avait la même  sonorité et quelques phrasés de Coleman Hawkins.», dit-il.

Selon lui : « A la maison, il y avait un tableau noir comme à l’école,  dont il était directeur. Il y écrivait tous les morceaux et les musiciens, Ali Casquette, Latifa, Porel, petit Seny, Mah Sylla, good Boy, (Général) Ansoumane Koundou suivaient ses cours dans notre salon. Il nous a expliqué le schéma, introduction, improvisation et la coda (la fin). Tous les morceaux étaient structurés.»

« Pour ma part, je n’avais pas besoin d’explications car, je savais exactement ce qu’il voulait. Il était très pédagogue et très observateur. C’est ce qui nous a beaucoup aidés. Jamais il n’était négatif, toujours dans l’encouragement…

Poursuivant : « Pour ma part, j’ai beaucoup travaillé mon oreille. Car à cette époque, nous n’avions pas de magnétophone. J’écoutais la RFI et vite j’allais reproduire sur ma guitare la musique qui passait.»

« Je vais vous raconter une anecdote récente. Alors que j’avais apporté ma guitare chez un luthier pour la refretter, celui-ci me montre son travail terminé avec son accordeur électronique. Il a plaqué un accord et de suite, j’ai entendu que la corde ‘’sol » n’était pas accordée. Il a vérifié et, en effet, elle était désaccordée. Du coup celui-ci m’a dit : ‘’il faut que je me méfie maintenant car vous avez l’oreille absolue ! »», a révélé Foxy Camara.

Puis d’ajouter : « Il a toujours insisté pour que je travaille les accords. ‘’Ce n’est que par ça que l’on peut être un très bon guitariste’’ disait-il ! Effectivement, cela m’a beaucoup aidé dans mon parcours musical aussi bien à Dakar, qu’en Allemagne, Belgique, Pays-Bas et maintenant en France. J’ai vraiment grandi dans la musique et je dois beaucoup à mon père. Je l’ai fait venir à Dakar où il est resté deux (2) ans. La première fois où il a assisté à l’un de mes concerts aux Almadies à Dakar, il était très surpris de mon investissement matériel et pédagogique dans un orchestre complet d’autant que j’avais quitté la Guinée avec juste un petit sac. J’ai vu beaucoup d’amour et de fierté dans ses yeux. Je crois qu’il était très ému.», a-t-il expliqué.

Pour finir, il fait savoir que pendant le confinement, il a travaillé avec des artistes différents, tels que : « côté sax Stanley Turrentin, Phil Woods, Dexter Gordon, côté guitare Joe Pass, Larry Carlton et côté piano Bill Evans. Cela m’a servi à beaucoup épurer mon style et m’a amené à reprendre certains morceaux de mon prochain album ‘’Absolument’’  en cours de finition, dont la sortie est imminente. J’ai eu la chance d’être épaulé sur le plan technique et mix par Jean-Claude Woivré.», a-t-il conclu.

Aboubacar Fodé Bangoura

Lire aussi : Foxy Camara, l’artiste guinéen qui s’exprime à travers le jazz 

Foxy Camara et son père dans les années 50 (photo d’enfance)

 

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