Interview : A la rencontre de Souleymane Bah, artiste peintre et sculpteur

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On est au quartier Hafia Minière pour rencontrer Souleymane Bah, un artiste peintre et sculpteur guinéen. Cet autodidacte est le père fondateur du mouvement artistique le ‘’Mofoungourisme’’ et PDG de ‘’Mofoungourou Galerie d’Art’’. A travers cette rencontre, on vous fera découvrir cet amoureux des pinceaux et l’univers dans lequel il vit depuis des années.

Interview à retrouver ci-dessous !

Tabouleinfos : Présentez-vous à nos lecteurs.

Souleymane Bah : Je m’appelle Souleymane Bah. Je suis artiste peintre et sculpteur.

Tabouleinfos : Parlez-nous de votre parcours scolaire et universitaire.

Souleymane Bah : J’ai étudié jusqu’en classe de 9ème année. Je n’ai pas pu terminer les études. Je pensais poursuivre mon cursus universitaire et m’orienter à l’Institut Supérieur des Arts Mory Kanté de Dubreka pour faire l’architecture. Mais malheureusement, la maladie m’a empêché de finir les études. J’ai la drépanocytose.

Tabouleinfos : Depuis quand pratiquez-vous le métier de peintre ?

Souleymane Bah : Je suis né avec le dessin. Depuis tout petit, je faisais des gribouillages. Je savais dessiner avant de savoir lire et écrire. J’ai appris la peinture tout seul, mais aussi auprès de quelques maîtres. Professionnellement, c’est en 2010 que j’ai commencé à exercer la peinture. En 2011, j’ai vendu ma première œuvre à une dame. Elle l’avait acheté pour son restaurant.

Tabouleinfos : Etre artiste en Afrique est souvent mal vu par les parents. Quel a été le regard porté sur votre métier par votre famille ?

Souleymane Bah : La famille ne m’a pas accompagné dans la peinture à cause de la religion. Mais elle ne m’a pas aussi en empêché. Avec l’objectif de devenir un artiste professionnel, je n’ai pas cherché à savoir ce qui va m’empêcher de réaliser mon rêve.

Tabouleinfos : Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Souleymane Bah : Je m’inspire de tout, mais mon épine dorsale c’est la nature, la création de Dieu.

Tabouleinfos : Quelle est votre spécialité, est-ce le portrait, le paysage… ?

Souleymane Bah : Ça dépend, parce que des fois je travaille sur mes propres projets. Je fais quelques paysages, mais ce qui est sollicité par la clientèle, c’est les portraits.  

Tabouleinfos : Quelles sont les différentes étapes d’une peinture ?

Souleymane Bah : Chez moi, je suis stricte. Quand je fais une œuvre d’art, je veux qu’elle demeure dans le temps. Donc je prends tout mon temps pour la faire très bien: commençant par le saci, je monte la toile, je peins lacrysol, je vérifie si tout est bon, je continue. Quand je fais le crayonnage comme les peintres d’avant et pas comme ceux de maintenant. Je fais la première couche, la deuxième, puis la troisième et je fais la finition. Cela peut prendre deux jusqu’à trois semaines de travail.

Tabouleinfos : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre travail ?

Souleymane Bah : En Guinée, les difficultés sont énormes, surtout dans l’acquisition des matériels de travail. Il n’y a qu’un seul endroit de vente des matériels ici, sans oublier la cherté de leurs prix. J’utilise la peinture à tube qui coûte entre 100.000GNF à 200.000GNF.   

 Esprit guetteur

Tabouleinfos : A combien coûte vos tableaux ?

Souleymane Bah : De 2010 à nos jours, les prix n’ont pas varié. Pour les guinéens, les tableaux sont chers. Quant à nous les peintres, on connait les difficultés qu’on rencontre pour concevoir un seul tableau et trouver une clientèle qui paie. Donc ce n’est pas facile de vendre nos œuvres très chères. Des fois, on peut vendre les tableaux portraits à 500.000GNF, 800.000GNF jusqu’à 1.300.000GNF. Je me souviens de la plus grosse somme que j’ai gagné dans la vente d’une de mes œuvres, est 1.900.000GNF de la part d’une amie qui travaille pour IMS. C’était un grand tableau intitulé ‘’Esprit guetteur’’.

Tabouleinfos : Comment définissez-vous votre art parmi tant d’autres ?

Souleymane Bah : En 2022-2023, j’ai créé mon mouvement artistique le ‘’Mofoungourisme’’, qui est un état d’esprit. Dans cette technique, j’ai voulu ressortir les couleurs que moi-même ai créés. Cela m’a pris beaucoup de temps. J’ai fait des recherches. J’ai tout un document. Au commencement, j’ai fait quatre œuvres. Pour savoir l’authenticité de cette œuvre, il faut voir d’abord deux styles dont entre autres : l’abstrait géométrique et l’abstrait lyrique en même qui se marient. Pour comprendre cette œuvre, il faut les prendre sur ces deux aspects. Mais si vous retrouvez dans l’aspect figuratif, ma technique c’est la danse des couleurs. J’ai élaboré cette technique en 2010 pour intégrer toutes mes œuvres afin de les distinguer des autres.   

Tabouleinfos : Comment parvenez-vous à vendre vos tableaux ?

Souleymane Bah : Je vends mes œuvres sur Facebook ‘’Mofoungourou Galerie d’Art’’. J’ai une page, mais avant je les vendais de bouche à l’oreille. Les clients qui les achetaient, c’est eux qui recommandaient à d’autres de venir chez moi. Mais maintenant, quand tu tapes sur Google ‘’Mofoungourou Galerie d’Art’’, tu peux me retrouver. Je participe aussi aux expositions. J’expose aussi dans ma galerie du lundi au samedi.

Tabouleinfos : Est-ce que le métier de peintre nourrit son homme en Guinée ?

Souleymane Bah : Pour moi, non ! Ce n’est pas facile de vivre de son art en Guinée. Chez nous, on pense que la peinture c’est pour les riches. Pour trouver des clients n’est pas facile. Tu peux faire jusqu’à un ou trois mois sans vendre aucun tableau. Donc si tu as des dépenses quotidiennes, ce n’est pas facile de s’en sortir. Il faut toujours avoir un autre métier à côté pour se nourrir en attendant de vivre de son art.

Tabouleinfos : Quels sont vos projets futurs ?

Souleymane Bah : A court-terme, on essaie de solidifier cette entreprise ‘’Mofoungourou Galerie d’Art’’ pour qu’elle soit pérenne et résistante dans le temps. A long-terme, j’aimerais que cette entreprise soit très grande avec des filiales dans les six communes de la capitale. Mais aussi créer une harmonie entre concepteur, acheteur et amoureux d’œuvres d’arts.

Tabouleinfos : Votre mot de la fin

Souleymane Bah : C’est de vous remercier  de m’avoir donné cette opportunité de m’exprimer. Je remercie Taboleinfos.com. C’est un site d’information que je lise souvent.

Interview réalisée par Aboubacar Fodé Bangoura

 

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