Sékouba Kandia Kouyaté : « Kadé Diawara reste et demeure la plus grande chanteuse… »

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« Kadé Diawara est une icône de la musique africaine. Elle avait une voix extraordinaire et unique. » Tels sont les propos de Sékouba Kandia Kouyaté lors d’une émission spéciale sur l’archange de la musique mandingue, réalisée par Espace TV.

Décédée le 24 avril dernier à l’âge de 80 ans, il est encore difficile pour Sékouba Kandia Kouyaté d’oublier cette légende de la musique mandingue qui l’a vu naître et grandir.

« C’était une fierté pour moi de travailler avec elle. Je suis né et grandi devant elle. On s’est inspiré d’eux. On aimait les écouter. Elle a travaillé avec mon père. Souvent, elle me racontait ce qui se passait pendant leurs voyages avec mon papa (Sory Kandia Kouyaté). Elle était très heureuse de mon arrivée dans l’Ensemble Instrumental. Il y avait une complicité entre nous. Et elle priait toujours pour le repos de l’âme de mon père, parce qu’ils avaient tissé de bonne relation. Leur place n’est pas donnée à n’importe quel artiste dans la vie. Le sommet, la qualité et le talent qu’ils avaient ne sont pas donnés à n’importe qui. » Rappelle t-il.

Et d’ajouter : « Elle me faisait pitié. Je me disais que mon père ne vit plus. Donc si je dois chercher de la bénédiction, cela doit être avec elle. C’est des gens qui ont fabriqué l’image de mon père. Ils étaient là. Vraiment, c’était un honneur pour moi de travailler avec elle. Quand je la voyais fatiguer des fois, elle forçait de venir chanter. Et d’autres disaient qu’elle est fatiguée, donc de s’assoir. Mais je leur demandais de la laisser travailler. Elle a vécu pour cette profession… »

Pour lui, il faut reconnaitre que Hadja Kadé Diawara a fait la fierté de la Guinée. Ses œuvres ont dépassé les frontières guinéennes. Après l’indépendance, seule la culture a vendu l’image de la Guinée avec toute sorte d’embargo sur le pays. « Kadé Diawara est une icône de la musique africaine. Elle avait une voix extraordinaire et unique. C’est des personnes uniques pour des siècles ou toute la vie. Donc quand elles disparaissent, il faut un siècle pour les retrouver. On souhaite le bon Dieu pour que dans sa famille qu’il nous donne une autre Kadé Diawara… », dit-il.

Dans cet entretien, Sékouba Kandia n’a pas manqué de souligner ce qu’elle a apporté à la Guinée et à l’Afrique à travers sa musique. « A leur époque, toutes les chansons étaient contrôlées et censurées. C’était des musiques qu’il faut chanter et qui peuvent servir l’humanité. Hadja Kadé a participé à l’épanouissement et à l’éducation de l’Afrique. Elle était une femme modèle. Elle est restée telle qu’elle est. Elle était naturelle. Les œuvres qu’elle a fait, sont restées et elles sont immortelles. Si on veut, on n’a qu’à lui rendre hommage pendant un an. Mais ce qu’elle a laissé comme trace, est plus que tout. C’est cela qui fera parler de Hadja Kadé. »

Selon lui, la mort de Kadé Diawara a coïncidé à une période de la pandémie c’est pourquoi il n’a pas reçu tous les honneurs qu’il lui faut. Mais : « Dieu l’a décidé ainsi. Il y a des grands hommes qui sont partis. Si ce n’était pas cette pandémie, on allait voir comment son enterrement allait se passer, parce que la Guinée aime ses artistes… Elle reste et elle demeure la plus grande chanteuse… », a conclu Sékouba Kandia Kouyaté.

Aboubacar Fodé Bangoura
tabouleinfos@gmail.com

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