On vous propose la suite et fin de l’interview de Rizo Bangoura dont la première partie a été publiée, le mardi dernier. Dans cette seconde partie, le lauréat du Prix Spécial RFI 1990 nous a parlé de son actualité musicale, son regard sur la musique guinéenne. Pour finir, il a prodigué des conseils et des recommandations pour la nouvelle génération d’artistes chanteurs Guinéens.
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Tabouleinfos : Quel regard portez-vous sur l’évolution de la musique guinéenne et quelle appréciation faites-vous de la nouvelle génération de chanteurs Guinéens?
Ibrahima Rizo Bangoura : Vous savez les temps ne sont pas les mêmes. A notre temps, il y avait les censures dans les chansons. C’est-à-dire lorsque tu chantes un morceau non seulement toi même tu dois savoir que tu ne dois pas utiliser des termes insolents ou une façon de faire qui dérange les gens dans l’éducation. Parce que nous sommes tous des pères de famille. Nous avons été éduqués dans ce sens. Bon ! Maintenant, il n’y a pas de censure. Les enfants, ils chantent ce qu’ils veulent et disent ce qu’ils veulent. Il faut toujours chanter pour éduquer ou donner une éducation pour le progrès d’une nation. C’est très important notre coutume faudrait pas le changer.
Tabouleinfos : Pensez-vous que les jeunes chanteurs sont sur une bonne lancée?
Ibrahima Rizo Bangoura : Le message que je vais passer à la nouvelle génération comme je l’ai toujours dit, c’est pour leur encourager et leur demander de venir voir les grands sans complexe. Ne pas se gêner.
Pour la bonne marche de la musique, ils n’ont qu’à essayer de réviser un peu les textes qu’ils emploient dans les chansons. Et chercher toujours à s’adapter au style guinéen. L’argent est bien mais, tu ne peux pas chanter un morceau ou style Mbalax par rapport à celui qui se trouve au Sénégal. Lui c’est son style. Mais quand tu joues un « Yankadi, Toupou sèssè’’, un morceau de la forêt par exemple; tu ne peux voir personne en ce moment qui peut vraiment te dire que tu as fait tel. Mais de nos jours, tu peux voir un morceau ça peut commencer, pendant tu penses que c’est du jazz ou un morceau américain qui joue, après tu entends la chanson trop modifiée comme si, c’est un américain qui chante. Il serait difficile de se rendre compte si, la musique est de chez nous. C’est ce qui est dommage.
Tabouleinfos : La Guinée occupait une place de choix au devant de la scène africaine et même mondiale. De nos jours, tel n’est pas le cas. Selon vous, qu’est-ce qui explique cela ?
Ibrahima Rizo Bangoura : Bon ! Les temps ne sont pas de mêmes comme je l’ai toujours dit. A notre temps, on faisait la musique pour notre patrie pour la révolution, pour notre belle Guinée. En ce moment, on ne cherchait pas de l’argent, on le faisait pour la nation. La musique actuelle, c’est l’argent. Bien-sûr c’est très bon, je ne peux qu’encourager les enfants tout en leur dirigeant encore de revenir à la source. Parce que la musique guinéenne a un style et un rythme. La musique guinéenne à un tempo de telle façon qui ne se ressemble pas à n’importe quelle musique de l’Afrique. C’est la vérité. Dès que tu joues la musique guinéenne partout où tu es en Afrique ou dans le monde, tu sens que c’est la musique de chez nous. Mais nos enfants à l’heure là, ils s’adaptent trop au métissage. C’est très bien mais, ils sont parfois trop européanisés. Je ne sais même pas quelle expression employée. Ils modifient de telle façon que ça ne colle pas à notre culture. C’est dommage.
Tabouleinfos : Peut-on s’attendre à un retour sur scène de Rizo Bangoura ou à un projet d’album ?
Ibrahima Rizo Bangoura : Oui ! Je suis toujours sur scène. Je n’ai pas quitté la scène. Il n’y a pas plus tard, dans la semaine passée j’étais sur scène. La musique c’est mon cœur. Une fois que je suis dans la musique, je me sens dans les cieux. Je suis a l’aise. Je continue dans la musique. J’ai fait déjà deux albums et le troisième c’est avec African Groove de Maître Barry. Je compte toujours continuer en musique. Je suis en train de me préparer. Parce que le groupe African Groove de Maître Barry, nous allons continuer à jouer. A travers cela, nous allons sortir des albums.
Mon premier album a été enregistré à la RTG. Le morceau « Simaya », le titre de l’album. Je l’ai fait c’était vers les années 1999 – 2000. Après en 2014 -2015, nous avons fait un autre album qu’on appelle « Tankafi » avec African Groove de Maître Barry. C’est trois. Mais j’ai un projet. J’ai préparé des morceaux. je n’ai pas encore donné de titres, mais ils seront là lorsque l’album sera prêt.
Tabouleinfos: Nous sommes pratiquement à la fin de cette interview. Votre mot de la fin ?
Ibrahima Rizo Bangoura : Le musicien doit savoir chanter en live pour qu’on voie ce que tu fais sur scène. Mais lorsque tu chantes sur scène étant donné que ce qui se trouve sur le disque, on ne voit pas ça, ce n’est pas facile.
Je ne peux que demander à Dieu de nous donner tous longue vie et dans le bonheur. Aux jeunes chanteurs d’être dans le style patriotique, de revenir en arrière et de continuer pour enfin vivre heureux.
Merci à vous également Tabouleinfos.com pour cet instant précis.
Interview réalisée par Facely Diawara et Aboubacar Fode Bangoura