L’acteur guinéen, mécanicien à Amiens, a décroché un César avec son tout premier rôle au cinéma. Il vient d’obtenir un titre de séjour d’un an.
Abou Sangaré, ancien sans-papiers guinéen régularisé après le succès du film L’Histoire de Souleymane de Boris Lojkine, dont il tient le rôle principal, a reçu vendredi 28 février le César de la révélation masculine.
« Je n’avais presque plus de vie, je vivais parmi les hommes comme ça. Je ne me considérais plus comme un être humain, depuis que j’ai traversé la Méditerranée jusqu’en avril 2023, j’ai tout connu… la misère, tout ce qui fait l’être humain, le bon comme le mauvais », a déclaré Abou Sangaré sur la scène de l’Olympia, à Paris, dans un discours poignant.
« Merci pour votre intégration au sein de l’humanité« , a-t-il lancé à l’équipe du film et à l’Académie des César.
Arrivé à Paris à 16 ans
Né le 7 mai 2001 à Sinko, dans le sud-est de la Guinée, Abou Sangaré est déjà apprenti mécanicien quand il quitte son pays avec l’espoir d’aider sa mère, malade. Adolescent, il traverse Mali, Algérie, Libye, Méditerranée et Italie avant d’arriver à Paris en 2018, à 16 ans.
En 2023, l’étudiant en mécanique est bénévole dans une association d’éducation populaire à Amiens quand le responsable l’informe d’un casting: le réalisateur Boris Lojkine cherche des jeunes Guinéens comme lui.
« J’ai passé un entretien de 5-10 minutes, puis je suis parti, j’avais du travail sur une voiture… Dans l’aprèm, l’équipe m’a rappelé pour refaire un essai », racontait à l’AFP le jeune homme de 23 ans, chemisette et cheveux tirés en arrière, lors de l’avant-première du film à Amiens en octobre.
Dans le film, le héros Souleymane est un Guinéen lui aussi, mais c’est à Paris qu’il survit comme livreur à vélo, sillonnant la capitale, sac cubique sur le dos, et préparant anxieusement son entretien de demande d’asile.
Un titre de séjour récemment obtenu
Au quotidien, Abou Sangaré est un jeune homme « plutôt discret » mais aussi « travailleur », « sérieux » et « exigeant », décrit Sibylle Luperce, membre du réseau Éducation sans frontières à Amiens, qui le suit depuis son arrivée.
Il a parfois été « découragé » devant les trois refus successifs de régularisation de sa situation, ajoute-t-elle. « Je n’avais presque plus d’espoir ». Jouer dans L’Histoire de Souleymane, ça « m’a sauvé la vie », estime aujourd’hui Abou Sangaré.
Il a finalement obtenu un titre de séjour salarié d’un an, en janvier de cette année. Il a dû présenter une promesse d’embauche comme mécanicien à Amiens. « Je suis vraiment heureux, ce titre de séjour va me permettre d’aller travailler au garage », avait réagi juste après Abou Sangaré auprès de l’AFP.
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