Interview : l’immigration clandestine, on en parle avec Fafadi Kelefa

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De jour en jour, l’immigration irrégulière endeuille des milliers de familles en Afrique. Et cela ne passe pas inaperçu dans le paysage artistique musical. Pour connaître les raisons qui poussent les jeunes africains de s’aventurer clandestinement dans le désert ou la méditerranée, la rédaction de Tabouleinfos.com donne la parole à l’artiste chanteur sénégalais Fafadi Kelefa.

Artiste musicien, compositeur, producteur, chanteur reggae, dance hall et afrobeat, Fafadi Kelefa ou Lamine Sane à l’état civil, répond aux questions de Tabouleinfos.com dans cet entretien.

Tabouleinfos.com : Selon vous qu’est-ce qui pousse les jeunes africains de s’aventurer clandestinement ?

Fafadi Kelefa : Personnellement, je peux le comprendre. On sait ce qui se passe en Afrique. Nos politiques nous laissent mourir. Les jeunes qui sont compétents et ambitieux, peut-être certains n’ont pas compris. D’autres ça peut marcher chez eux s’ils croient en eux et investir sur quelque chose…Mais il y a aussi des risques. Pour moi, c’est préférable de rester chez soi et d’y investir. Beaucoup de jeunes ont compris, maintenant, ils reviennent investir chez eux.

Tabouleinfos.com : Quand on prend le cas spécifique du Sénégal, votre pays d’origine. Quelles sont les causes principales de l’immigration irrégulière ?

Fafadi Kelefa : C’est juste la misère et la galère. Il y a aussi des jeunes africains qui ne veulent pas dépendre de quelqu’un comme chez nous au Sénégal. Le sénégalais veut avoir pour lui, aider ses parents et ses proches…Certains sont des étudiants et d’autres sont des diplômés, mais ils ne travaillent pas. Donc ils ne peuvent pas continuer à rester comme ça. C’est pourquoi ils préfèrent partir à l’extérieur pour travailler. C’est cela qui poussent les gens de s’aventurer, aussi pour la dignité de ne pas rester au Sénégal.

Tabouleinfos.com : Est-ce que les parents des candidats de cette aventure dangereuse ont une part de responsabilité vue que d’autres vendent leur terrain pour aider leurs enfants à quitter le pays ?

Fafadi Kelefa : On ne peut pas les condamner, parce que la vie est dure. Chacun veut aller pour que sa famille ait une belle vie. Si les parents le font, c’est parce qu’il y a la pauvreté. Ils prennent des risques en pensant qu’en Europe, les enfants des voisins ont réussi, donc les siens aussi pourront s’en sortir. C’est pour cela, ils prennent ces risques en vendant leurs terrains. Je ne peux pas les condamner. Je suis d’accord avec eux. C’est vrai que c’est un gros risque, mais nos politiciens aussi ne font rien. Ils s’en fichent.

Tabouleinfos.com : Pensez-vous que les artistes africains qui ont traversé la méditerranée ou le désert pour aller rester en Europe, pourront lutter contre ce phénomène en Afrique ou dans leur pays respectif ? 

Fafadi Kelefa : Les artistes n’ont pas besoin de traverser la méditerranée. Avec ta musique, tu peux te trouver un visa. Chez nous au Sénégal, c’est très facile…Le problème ce n’est pas les artistes qui doivent le faire, plutôt tous les africains qui doivent se réveiller. On n’a pas besoin de l’Occident pour réussir, ni de nos gouvernant ou les politiciens. On a nos terres. Essayons de nous lancer dans l’agriculture. Cultivons et vendons nos produits agricoles.

Tabouleinfos.com : En tant qu’artiste chanteur, quelle solution aviez-vous apporté ou comptez-vous apporter pour freiner ce phénomène qui endeuille des milliers de familles en Afrique ?

Fafadi Kelefa : Il n’y a pas de messages à lancer aux politiciens, parce qu’on ne peut pas les changer.  Ils sont dirigés par l’Occident. Ils ne vont pas nous écouter tant qu’ils sont choisis par la France ou l’Occident. Tant qu’ils sont toujours là sans aucune révolution comme Paul Kagame, Yaya Diame, on ne pourra pas changer leur avis et leur conscience. On va juste parler pour parler.

Tabouleinfos.com : Un message pour les jeunes africains !

Fafadi Kelefa : Je leur dirai de croire en eux. On a nos originalités. Ils doivent se concentrer maintenant à exploiter nos biens. Soyons nos propres entrepreneurs. Réalisons nous-mêmes, ne comptons pas sur nos politiciens…Il faut investir chez nous. En extérieur, il n’y a rien là-bas actuellement, ils sont dans la faillite. Le futur c’est l’Afrique. Que les africains le croient ou pas.

Interview réalisée par Aboubacar  Fodé Bangoura

 

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