Les artistes Maliens, Nigériens et Burkinabés persona non grata en France

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Les directrices et directeurs des théâtres publics ont reçu hier un mail rédigé par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères et qui a transité par les DRAC, leur demandant de « suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec le Mali, Niger, et le Burkina Faso ». Un douche froide, notamment à Limoges, pour son directeur Hassane Kassi Kouyaté qui a reçu la missive alors qu’il répète à la Scène nationale d’Aubusson, Zoé d’Olivier Choinière. Cette décision met en péril la venue de plusieurs artistes à quelques jours du 40e festival des Francophonies – Des écritures à la scène qui débute le 21 septembre.

Comme tous les adhérents du Syndeac, de l’Accn, de l’A-CDCN, de l’ACDN et de l’ASN, Hassane Kassi Kouyaté a découvert hier ce mail émanant du ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Il leur demande expressément de suspendre « les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays ».  Et ce « sans délai, et sans aucune exception ». Le mail précise : « Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée. A compter de ce jour, la France ne délivre plus de visas pour les ressortissants de ces trois pays sans aucune exception, et ce jusqu’à nouvel ordre ».

Le Syndeac demande ce matin la tenue d’une réunion immédiate avec le ministère des affaires étrangères pour que les arguments des professionnels soient écoutés et que la solidarité de la France à l’égard des artistes soit affirmée avec force. Pour Hassane Kassi Kouyaté, franco-burkinabé, c’est un coup dur. « On est tous otages des décisions politiques. Ces décisions me dépassent » nous a-t-il expliqué. « Je n’ai pas les tenants et les aboutissants, mais je les subis en tant qu’organisateur et en tant qu’artiste aussi ». Cette décision va aussi impacter le festival Sens Interdits qui se déroule à Lyon du 14 au 28 octobre 2023, qui doit accueillir plusieurs spectacle en provenance du Mali, dont Tafé Fanga ? Le Pouvoir du pagne ? de Jeanne Diama dans la mise en scène de Assitan Tangara.

Dans un communiqué le Syndeac, l’Accn, l’A-CDCN, l’ACDN et de l’ASN explique que ce message est « totalement inédit » et que « cette interdiction totale concernant trois pays traversés par des crises en effet très graves n’a évidemment aucun sens d’un point de vue artistique et constitue une erreur majeure d’un point de vue politique. C’est tout le contraire qu’il convient de faire. Cette politique de l’interdiction de la circulation des artistes et de leurs œuvres n’a jamais prévalu dans aucune autre crise internationale, des plus récentes avec la Russie, aux plus anciennes et durables, avec la Chine ».

Et ce soir, le ministère de la culture explique qu’ « aucune déprogrammation d’artistes, de quelque nationalité que ce soit, n’est demandée ni par le ministère des Affaires étrangères, ni par le ministère de la Culture. Pour des raisons de sécurité, la France a suspendu depuis le 7 août la délivrance de visas depuis Niamey, Ougadougou et Bamako, ainsi que la mise en œuvre dans ces pays de nos actions de coopération culturelle. Cette décision n’affecte pas les personnes qui seraient titulaires de visas délivrés avant cette date ou qui résident en France ou dans d’autres pays ».

A lire sur : sceneweb.fr

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