IKK Danguila : « Les producteurs veulent que les artistes courent derrière eux… » (Interview) 

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Le week-end dernier, Tabouleinfos.com a rencontré l’artiste chanteur, musicien IKK Danguila. Lors de cette rencontre, notre équipe s’est entretenue avec ce MC de la musique urbaine guinéenne, appelé dans le passé ‘’IKK le Passager’’. Malgré qu’il n’ait sorti aucun album sur le marché du disque, mais dans les années 2005…, Ibrahima Kalil Keita faisait parler de lui dans les concerts à travers son talent. Aujourd’hui, méconnu de la nouvelle génération des mélomanes et d’artistes chanteurs du pays, il a profité de cet entretien en nous parlant de son parcours, les raisons de son silence, ses projets et autres.

Ci-dessous, découvrez cette interview !

Tabouleinfos : Parlez-moi de vous musicalement

IKK Danguila : C’est IKK Danguila. IKK veut dire Ibrahima Kalil Keita. Danguila est mon nom de scène. Je suis artiste auteur compositeur, musicien. Je me débrouille un peu avec la guitare.

Tabouleinfos : Parlez-moi de votre parcours musical !

IKK Danguila : Mon amour avec la musique c’est dans la famille, parce que dans l’histoire, mon grand père était un artiste chanteur derrière les grands guerriers. On l’appelait Mamady Keita ‘’Allahka Djely’’. Quant à mon papa, il était un grand mélomane. Il écoutait trop la musique. Dans la même famille, il y a l’aîné qui est artiste. Il m’a poussé à aimer la guitare, parce qu’il la jouait souvent à la maison. Donc j’ai pris la musique dans la famille.

Tabouleinfos : Dans le passé, IKK était très actif sur scène, mais tel n’est pas le cas ces dernières années. Dites-nous pourquoi ce long silence ?

IKK Danguila : C’est compte tenu de beaucoup de choses. Mais ce que je vais dire, chaque chose à son temps. J’ai trop duré dans la musique, mais jusqu’à présent je me bats, je fais des singles. Je compte quand même faire mon album. Si Dieu le veut bien. Pour la petite histoire, j’avais eu un producteur Ibn Kenyatta, qui devrait me produire, Dieu ne lui a pas donné la longévité, il est décédé. Donc cela a beaucoup freiné le parcours d’IKK musicalement. Mais on se bat toujours. Ce n’est pas seulement la musique que je fais, parce que vu qu’ici les producteurs veulent que les artistes courent derrière eux pour pouvoir les produire… Je pense que mon style musical, certainement me permettra un jour qu’un producteur mise sur moi. En tout cas, je n’ai pas besoin de courir derrière un producteur pour me produire.  Je ne le fais pas. Je fais de la world music. C’est-à-dire la musique mélangée…reggae, traditionnelle, ragga de façon guinéenne.

Tabouleinfos : De quoi les mélomanes doivent-ils s’attendre pour votre come-back ?

IKK Danguila : C’est pour bientôt. J’ai déjà fait un single ‘’Politique’’ dont les mélomanes ont beaucoup apprécié. Je reviens petit-à-petit pour gagner le terrain. Le public mélomane doit s’attendre à un style personnel, parce qu’aujourd’hui la musique urbaine guinéenne est pleine d’imitation. Selon ma vision des choses. Il y a beaucoup d’imitations. Les artistes oublient que l’art c’est la création, ce n’est pas de l’imitation. Quand tu es imitateur dans la musique face à la personne que tu as imité, tu vas baisser la tête. Je suis là à forger mon style dans le ghetto. Je sais, le jour où je vais le présenter, le public l’aimera. ‘’Inch’Allah’’.

Tabouleinfos : Quels sont les projets à court et à long terme d’IKK le Passager ?

IKK Danguila : Le projet à long terme d’IKK. Je suis en train de former mon propre groupe de musiciens. Je disais que l’art c’est la création. Donc je suis en train de réunir les amis musiciens. J’avais un groupe de  musiciens en 2007, qui s’appelait ‘’Kilimandjaro’’. C’était un groupe qui regorgeait des congolais, ivoiriens, tchadiens… Ils étaient venus en Guinée pour les études, quand les études sont finies, la plupart  sont rentrés. Je m’étais retrouvé seul. Je suis encore en train de me battre pour mettre un orchestre en place avec lequel je compte faire les tournées. Cela est mon projet à long terme. Et à court terme, je suis en train de me battre pour faire des singles. J’ai fais ‘’Politique’’. Je dois bientôt faire ‘’N’khanou’’.   

Tabouleinfos : Si vous devez noter la musique urbaine guinéenne actuelle, quelle note alliez-vous lui donner ?

IKK Danguila : C’est des hauts et des bas. Je ne peux pas dire qu’elle n’a pas évolué, parce que voyant un Takana Zion sur le marché international, je ne dois pas prendre cela à la légère. Je me dis que c’est de l’énergie pure. Il a emmené la musique guinéenne à un niveau où elle n’était pas. Les Banlieuez’Art, Instinct Killers, chacun d’eux essaye d’apporter un grain de sel à sa manière. Donc je dirai que la musique urbaine guinéenne est bien et elle évoluera.   

Tabouleinfos : Quels conseils avez-vous à prodiguer aux artistes chanteurs guinéens ?

IKK Danguila : Je leur demande de rester eux-mêmes. C’est vrai, il y a la mondialisation et il faut épouser certains styles chez les autres, mais en le faisant, il faut ajouter son grain de sel. C’est-à-dire son identité. C’est ça un artiste. Je conseille tous mes amis artistes qui ont fait des albums de rétrograder. Quant à ceux qui ne sont pas d’abord sur le marché, de forger leur propre identité musicale.  

Tabouleinfos : Votre mot de la fin ?

IKK Danguila : La vie est un combat. Donc battons nous jusqu’au bout.

Interview réalisée par Aboubacar Fodé Bangoura

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